Vos blessures ont simplement besoin de «PEACE & LOVE» (Partie 1)

Combien d’entre vous avez déjà expérimenté une blessure et ne saviez pas quoi faire pour optimiser la guérison. Votre voisin de gauche vous dira de mettre de la glace alors que celui de droite dira de mettre de la chaleur. Votre meilleur ami lui vous dira de prendre des anti-inflammatoires et vos parents de rester au lit. Face à cette abondance d’informations, qui croire?

Voici le «PEACE & LOVE», un nouvel acronyme simple qui regroupent les modalités essentielles pour l’ensemble des conditions musculo-squelettiques.

Cet article traitera la section «PEACE», soit les conseils que nous devons appliquer durant la phase aigüe, soit les premiers 48-72 heures à la suite d’une blessure.

  • P pour protection :

L’objectif est de diminuer la douleur, l’irritation et l’inflammation en évitant les activités et mouvements douloureux. Cela ne veut pas dire que l’on doit complètement immobiliser le segment atteint, mais que l’on doit rester actif au maximum en évitant la douleur. Pour une entorse de cheville par exemple, si le simple fait de déposer le pied au sol provoque de la douleur, vous devriez prendre des béquilles. Par contre, si vous êtes capable de marcher avec une boiterie sans douleur sur courte distance, c’est tout à fait acceptable de le faire sans béquille. Cependant il faut être prudent, si nous restons dans un mode de protection de façon prolongée, nous risquons de fragiliser les tissus atteints et par conséquent de retarder le processus de guérison.

  • E pour élévation :

L’élévation du segment atteint plus haut que le cœur permet de réduire l’enflure au site de lésion. Profitez-en pour le faire dès que vous le pouvez lors des stations assises ou couchées.

  • A pour éviter les anti-inflammatoires :

C’est un élément clé qui est malheureusement très peu respecté dans la pratique courante. Il faut éviter les modalités anti-inflammatoires, que ce soit la médication (naproxen, voltaren, ibuprofène, etc.) ou la glace. La raison est simple, l’inflammation est la première des trois phases de guérison. Elle est donc essentielle. Elle permet de bien nettoyer le site de la lésion pour ensuite permettre aux nouvelles cellules du tissu atteint de se former. Inversement, les anti-inflammatoires font en sorte que les débris causés par la blessure demeurent sur le site, ce qui empêche la formation de nouvelles cellules saines. Il a été démontré qu’après 28 jours, les gens qui consommaient des anti-inflammatoires suite à une blessure récente avaient des tissus jusqu’à 40% moins denses, donc plus fragiles, que les gens qui n’en prenaient pas, c’est une différence significative!

  •  C pour compression :

En présence d’enflure, une des priorités de traitement est de la réduire le plus rapidement possible. La compression est l’un des moyens pour y parvenir. Pour être efficace, la compression ne doit pas être trop rigide pour permettre une certaine expansion tissulaire. Une attelle, un bandage compressif ou un «taping» sont tous des bons moyens de compression.

  • E pour éducation :

Éviter la surmédicalisation, la surinvestigation et le surtraitement par des modalités passives.

Tout d’abord la surmédicalisation. Attention à la prise systématique de médication pour un moindre mal. Tel que cité plus haut, les anti-inflammatoires peuvent fragiliser les tissus blessés et retarder la guérison. Mais ce n’est pas tout : chez 1% des consommateurs, il peut aussi y avoir des complications sérieuses telles que de la toxicité rénale, des saignements gastro-intestinaux, de l’hypertension artérielle, des problèmes cardiaques, etc. Les anti-inflammatoires sont responsables de 16 000 décès par année aux États-Unis. Nous ne disons pas que cette médication est à éviter à tout prix pour les atteintes musculo-squelettiques, mais qu’elle devrait se limiter aux conditions inflammatoires chroniques.

Pour ce qui est de la surinvestigation, c’est lorsqu’on demande des examens médicaux approfondis pour une condition X tels que des IRM et des radiographies. La seule raison qui justifie ces examens, c’est si leurs résultats modifieront la suite de nos interventions, comme une référence en orthopédie. Une suspicion de fracture, d’infection, de tumeur ou d’atteinte grave telle qu’une queue de cheval sont des bonnes raisons d’investigation. Pour ce qui est des atteintes plus communes telle que la tendinite, cela ne fait qu’engorger le système de santé et risque d’aggraver la perception du client par rapport à sa blessure. Effectivement, la majorité découvertes aux imageries font parties du vieillissement normal du corps et n’ont aucun lien avec les symptômes douloureux rapportés par le patient. Par exemple, 80% des adultes de 50 ans et plus ont de la dégénérescence discale lombaire sans avoir de douleur.

Finalement, le surtraitement. La majorité des études démontrent qu’une approche active précoce et centrée sur la fonction est plus efficace et durable qu’une approche passive (massage, mobilisation, électrothérapie, etc.). Nous ne disons pas que l’approche passive est inutile, au contraire, mais elle devrait être combinée avec une approche active pour optimiser les gains.

Maintenant que vous savez quoi faire lors des premiers jours d’une blessure, ne manquez pas notre prochain article qui traitera du «LOVE», soit la phase associée à la réactivation précoce permettant aux tissus lésés de se renforcir et d’optimiser sa guérison de façon durable.

Yoann Viau, physiothérapeute

Sources : 

  • https://lacliniqueducoureur.com/